Faut être pur, ou reconnaître qu'on n'est pas nickel ?

La sanctification (hagiasmos) s’articule avec la justification : la justification, don de Dieu, nous déclare justes par la foi (Romains 5:1), tandis que la sanctification, processus de transformation, nous appelle à vivre cette justice dans une marche quotidienne sous la grâce. Pas une morale, mais un chemin, mais une transformation. On comprendra donc que la sanctification découle de la justification.

Reconnaître ce qui est brisé — et qui reste encore vivant

Le chemin de foi commence par une reconnaissance :
Je ne suis pas pur.
Pas totalement impur non plus.
Je suis un être vivant, blessé, traversé.

C’est là que la repentance prend son vrai sens :
Non pas l’autodestruction,
mais l’ouverture honnête de sa vie devant Dieu.

Simul justus et peccator : la vérité du croyant

Martin Luther l’a formulé avec force :
Nous sommes simul justus et peccator
justes et pécheurs en même temps.

Justifiés par grâce (Romains 5,1),
et pourtant encore travaillés par le péché.

La Croix n'efface pas d'un coup notre condition blessée.
Elle déclare une parole plus forte sur elle.

Hagiasmos : la marche sous la grâce

Dans 1 Thessaloniciens 4, Paul exhorte à chercher la sanctification (hagiasmos).
Pas pour "sauver" ce qui ne pourrait pas l’être.
Mais pour vivre en accord avec ce qui a déjà été donné.

La sanctification n’est pas une auto-purification.
C’est une marche, une réponse à l’appel.
Un chemin où l’on trébuche, mais où l'on avance.

L’œuvre de l’Esprit

C’est l’Esprit Saint qui œuvre en nous pour produire les fruits de cette transformation, comme la paix, la patience ou la maîtrise de soi (Galates 5,22-23), nous rendant capables de répondre à cet appel divin.

Pur, mais pas comme on l'imagine

"Katharos" en grec désigne ce qui est pur.
(Matthieu 5,8 : "Heureux ceux qui ont le cœur pur...")

Pas une pureté chimique, aseptisée, parfaite.
Une pureté de désir, d’orientation.

Être pur, ce n’est pas être sans faute. Même dans l’Ancien Testament où il est quesion de pureté rituelle.
Si quelque chose se joue c’est être tourné vers Dieu, même à travers ses failles. Et encore se tourner vers Dieu c’est répondre à son appel. Dieu est premier.

Ni ange ni bête

Pascal l’a vu :

"L’homme n’est ni ange ni bête. Mais qui veut faire l’ange fait la bête."

Chercher à s’élever par soi-même conduit au gouffre.
Se mettre à la suite de Dieu — avec nos cicatrices, notre nuit, nos résistances —
c’est cela la sanctification

Porté, pas verni

La sanctification n’est pas un effort de toilettage.
C’est une dépendance assumée.

On ne "se rend" pas pur.
On se laisse porter par une grâce plus forte que tout, y compris nos propres ténèbres.

Résister à la résignation

Croire, ce n’est pas prétendre être impeccable.
Croire, c’est refuser de renoncer.

Refuser de s’abandonner au découragement.
Refuser de laisser le mal être le dernier mot.

Se tenir debout — même cabossé — parce que quelqu’un nous relève.

Le jugement est déjà tombé

Le verdict sur ta vie est tombé à la Croix.
Pas "pur", pas "impur".
Mais : sauvé.

Racheté. Relevé.
Appelé à marcher, jour après jour,
dans cette lumière que tu n’as pas produite, mais reçue.

Conclusion ?

Être croyant, ce n'est pas se "repeindre en blanc".
C'est vivre lavé.
Tangenté. Il faut imaginer que la grâce nous a fait une pichenette.
Réconcilié. Réconciliés, d’ailleurs, au pluriel. C’est une aventure collective. Le salut concerne toute l’humanité. Donc on se peut arrêter de se regarder le nombril au passage. En effet, la réconciliation nous unit dans une aventure collective, comme le dit Éphésiens 2,19 : 'Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers, ni des gens du dehors ; mais vous êtes concitoyens des saints, membres de la famille de Dieu.

Et cela,

Non par ma, ta, notre réussite.
Mais par sa fidélité.

La pureté du cœur n’est pas d’avoir tout corrigé.
C’est d’avoir laissé Dieu aimer ce qu'on cesse de vouloir cacher par honte, par culpabilité, par haine de soi, par désespoir…

Références bibliques utilisées :
Ancien Testament :
Genèse 1,27 (image de Dieu – l’homme est créé à l’image de Dieu, donc vivant)
Psaume 51,10 (cœur pur – David demande un cœur pur à Dieu)

Nouveau Testament :
Matthieu 5,8 (katharos – les cœurs purs verront Dieu)
Jean 3,16 (salut universel – Dieu a aimé le monde pour son salut)
Jean 6,44 (initiative divine – nul ne vient à Dieu sans être attiré par Lui)
Romains 3,23 (tous ont péché – l’homme est brisé par le péché)
Romains 5,1 (justification – nous sommes justifiés par la foi)
Romains 7,18-19 (lutte intérieure – Paul décrit la tension entre le bien et le péché)
Romains 8,37 (espérance – plus que vainqueurs par Christ)
2 Corinthiens 5,18-19 (réconciliation – Dieu nous a réconciliés par Christ)
2 Corinthiens 7,10 (repentance – tristesse selon Dieu qui mène à la repentance)
Galates 5,22-23 (fruits de l’Esprit – l’Esprit produit la transformation dans la sanctification)
Éphésiens 2,8-9 (grâce seule – le salut n’est pas par les œuvres)
Éphésiens 2,19 (aventure collective – nous sommes membres de la famille de Dieu)
Philippiens 2,12-13 (marche sous la grâce – Dieu produit en nous le vouloir et le faire)
1 Thessaloniciens 4,3-7 (hagiasmos – appel à la sanctification et à une vie sainte)
1 Thessaloniciens 5,24 (fidélité de Dieu – Dieu est fidèle dans son appel)
Tite 3,5 (rénovation par l’Esprit – le salut par la régénération et le renouvellement de l’Esprit)
Hébreux 12,1-2 (persévérance – courir avec persévérance en regardant à Jésus)
1 Jean 1,7 (marcher dans la lumière – le sang de Jésus nous purifie)

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On doit croire quoi, exactement ?