Axes de recherche
Note : cette page est susceptible d’évoluer. Elle ne vise pas l’exhaustivité, ni la clôture. Elle reflète un moment particulier d’une recherche en construction.
Propositions, intuitions, orientations
Cette page présente les grandes lignes de mes réflexions actuelles, dans la perspective d’un projet doctoral en théologie protestante. Il ne s’agit pas d’un exposé conclusif, mais d’un espace de formulation progressive, où s’élaborent des pistes de recherche, des tensions méthodologiques, et des orientations de travail encore en développement.
Mes intérêts s’articulent autour de la question de la réalité de Dieu, de la Parole dans son rapport au langage, et des implications théologiques des transformations contemporaines liées aux technologies, notamment l’intelligence artificielle.
1. Langue, révélation et minorisation
Je m’intéresse aux langues minorisées comme lieux théologiquement signifiants, non parce qu’elles seraient porteuses d’un message en elles-mêmes, mais parce qu’elles rendent visible un certain rapport au réel : un rapport marqué par la fragilité, la variation, la résistance à l’uniformisation.
La diversité des langues n’est pas, en soi, une expression directe de Dieu. Elle ne saurait être divinisée. Mais elle atteste quelque chose : la capacité du monde créé à faire place à l’altérité, à la nuance, à l’intraduisible — autrement dit, à ce que Dieu n’a pas voulu écraser dans son acte créateur.
Dans cette perspective, les langues minorisées nous contraignent à penser la révélation non comme message uniforme, mais comme événement traversé par le pluriel sans s’y perdre. Elles déplacent la question du langage vers celle de la possibilité même d’un réel partagé, sans réduction à une langue, une culture, un pouvoir. Penser théologiquement à partir d’elles, c’est affirmer que le Dieu de la révélation ne se confond ni avec le multiple, ni avec l’un, mais envisager qu’il se donne dans le passage de l’un à l’autre — aussi dans la variation, non comme vacillement, mais comme fidélité en mouvement.
2. Réalité, vérité et technologies
L’une des lignes de tension de mes recherches concerne le statut du réel dans un contexte marqué par la virtualisation croissante des expériences (intelligence artificielle, IA générative, réalités simulées).
Je m’interroge sur ce que devient la vérité théologique lorsque la notion même de réalité semble s’effriter : si tout devient narratif, comment penser la résistance du réel ? Que signifie encore une parole révélée dans un monde saturé de discours génératifs ?
Ce travail s’inscrit dans le sillage de réflexions contemporaines sur la fragilité du réel (Meillassoux, Marion), mais cherche à les articuler avec une lecture protestante de la parole de Dieu.
3. Théologie relationnelle, devenir de Dieu et devenir-Dieu
Je suis particulièrement attentif aux courants de la théologie dite relationnelle, qui interrogent la transcendance à partir de la dynamique du dialogue, de l’appel, et de la réponse humaine.
Ce champ théologique remet en question les modèles unilatéraux de souveraineté divine, et pose la possibilité d’un Dieu qui se tient dans la relation, sans se dissoudre dans l’immanence.
Cette approche invite à repenser des catégories classiques comme la toute-puissance divine. Je suis partisan de maintenir la tension entre toute-puissance divine et vulnérabilité divine. La toute-puissance divine est à la fois une affirmation conciliaire et une pierre d’achoppement existentielle. Elle pose des questions théologiques majeures et mérite d’être pensée sans résoudre trop rapidement les difficultés qu’elle fait naître.
Je comprends cette dynamique relationnelle à partir de la vie trinitaire, marquée par la périchorèse — l’interpénétration des personnes divines dans une distinction sans séparation —, modèle l’alliance avec l’humain. Dans ce cadre, j’explore la theosis orthodoxe, où l’humain participe aux énergies divines par la grâce, sans fusion ontologique, selon Grégoire de Nysse ou la théologie palamite. Depuis une perspective réformée, je réinterprète la theosis à la lumière de l’unio mystica calviniste : une union réelle avec le Christ qui transforme sans diviniser, respectant l’asymétrie créateur-créature. La périchorèse éclaire cette communion, garantissant une relation intime où l’humain, dans sa finitude, reflète la gloire divine sans se dissoudre en elle.
4. Identité, fidélité et critique du langage de la valeur
Une attention particulière est portée à la critique de la notion de « valeur », notamment à partir des travaux de Jean-Luc Marion. Dans ce cadre, je cherche à mieux comprendre comment le langage moral, culturel ou théologique s’est progressivement aligné sur une logique évaluative — où le bien, le vrai ou le juste sont ramenés à des « valeurs », c’est-à-dire à des entités mesurables, comparables, échangeables.
Cette problématique devient particulièrement sensible lorsqu’il s’agit de défendre des identités culturelles minorisées : toute tentative de reconnaissance risque d’être accusée de relativisme ou d’instrumentalisée par des logiques identitaires fermées.
Je cherche à esquisser une posture alternative, entre fidélité à ce qui précède (langue, culture, forme de vie) et ouverture critique, en refusant aussi bien le relativisme généralisé que le conservatisme essentialisant.
5. Pistes transversales
Certains motifs traversent l’ensemble de ce chantier de recherche :
La question du témoignage : comment rendre compte de ce qui m’est donné, sans le réduire à un objet d’analyse ?
La place ou le rôle du corps dans l’acte théologique : présence, incarnation, gestes, rythmes.
La théologie du travail : cette dernière interroge notamment la manière dont l’activité humaine – qu’elle soit création, service, résistance ou soin silencieux – participe à l’ordre du monde, tout en portant en elle une tension constante entre dignité et aliénation, visibilité et effacement, appel et usure.
Théologies de la libération, théologies de l’écologie
Pistes transversales

Relativisme au risque de Dieu
Tout commence par une idée.

Théologie relationnelle : nœuds et tensions
Tout commence par une idée.

Réel et réalité de Dieu
Tout commence par une idée.

Homélies sur l'Hexaéméron – Basile de Césarée
Tout commence par une idée.