Réel et réalité de Dieu
Réel et réalité de Dieu
Dans la théologie protestante , les notions de réel et de réalité sont toujours traversée par une tension, encore plus quand il s’agit de parler de Dieu : comment affirmer que Dieu est réel sans l’enfermer dans une définition du réel qui le précède ou le mesure ? Comment dire le réel divin sans céder aux séductions d’une métaphysique (c’est-à-dire sans réduire Dieu à un concept abstrait, à une essence figée, inscrite dans un système de pensée qui prétendrait définir ce qui est de manière universelle et immuable)?
La méfiance protestante envers la métaphysique du réel s’enracine dans la conviction que Dieu ne se laisse pas capturer par nos concepts, nos catégories ou nos évidences sensibles. Le réel, en théologie protestante, n’est pas d’abord ce qui s’impose par sa force ou sa stabilité, mais ce qui est reçu dans la foi comme donné — ce qui advient, s’ouvre, se manifeste sans pouvoir être saisi ou maîtrisé.
Affirmer la réalité de Dieu, ce n’est donc pas postuler un être suprême situé quelque part dans l’ordre des existants ; c’est reconnaître que, dans l’événement de la Parole, dans l’appel adressé à l’homme, quelque chose de plus réel que tout ce que nous tenons pour réel surgit et bouleverse notre entendement.
Ainsi, la réalité de Dieu n’est pas une « chose » parmi d’autres. Elle est ce qui, en venant à nous, met en crise nos conceptions du réel, les ébranle, les purifie. Loin d’appuyer une ontologie solide et rassurante, elle nous convoque à une écoute, à une disponibilité, à une conversion du regard.
Dans cet article, j’explorerai cette articulation particulière entre réel et Révélation, en suivant les pistes ouvertes par la théologie réformée, mais aussi en dialogue avec les interrogations contemporaines sur la fragilité du réel, le statut de la vérité, et la place du langage dans l’accueil de ce qui nous dépasse.