Je veux bien croire en Dieu, mais
Je veux bien croire en un Créateur.
Puisqu’il y a une création, il faut bien qu’il y ait un créateur.
Mais…
Mais ça ne suffit pas.
Oui, je peux croire qu’il y a “quelque chose”.
Une source. Une origine.
Un principe premier, une force, un souffle, une intelligence.
Mais entre ça —
et un Dieu avec qui on parle, à qui on confie sa vie, qu’on appelle par son nom…
il y a un monde.
Je peux croire à l’idée d’un Dieu.
Mais est-ce que je peux lui faire confiance ?
Est-ce que je peux l’aimer ?
Est-ce que je peux l’écouter, sans juste me parler à moi-même ?
Je regarde la beauté du monde.
Je regarde la violence du monde.
Et je me dis :
Si Dieu existe, alors pourquoi… ?
Pourquoi tout ce mal ?
Pourquoi cette indifférence ?
Pourquoi cette absence — ou ce silence, ou ce flou ?
e veux bien croire en Dieu.
Mais pas en un Dieu qui regarde sans rien faire.
Un Dieu qui voit les guerres, les famines, les abus, les violences —
et qui laisse faire ?
Alors on serait quoi, nous ?
Des marionnettes ?
Des figurants dans une pièce écrite d’avance ?
Des pions qu’il déplace, ou qu’il oublie ?
Et c’est censé me rassurer ?
C’est censé m’inspirer confiance ?
Qu’un Dieu tout-puissant laisse brûler les vies, saccager les corps, dévorer les âmes — sans broncher ?
On me parle de la liberté humaine.
On me dit que Dieu ne force pas.
Mais moi, je vois des gens brisés.
Des enfants détruits. Des peuples abandonnés.
Et je me demande : elle sert à quoi, cette liberté, si elle produit ça ?
Et Dieu, dans tout ça ?
Il attend ? Il observe ? Il comptabilise ?
Il se réserve pour plus tard, pour l’éternité, pour le grand jugement ?
Mais ici, maintenant, il fait quoi ?
Je veux bien croire en Dieu.
Mais pas en un Dieu lointain.
Pas en un Dieu indifférent.
Pas en un Dieu qui se tait quand ça hurle.
Et pourtant.
Je tombe parfois sur des histoires que je ne comprends pas.
Des gens qui croient, au cœur du chaos.
Des femmes qui prient, en pleine guerre.
Des hommes debout, malgré la perte, malgré la nuit.
Ils ne disent pas que Dieu les a protégés de tout.
Ils ne disent pas qu’il a tout réglé.
Ils disent : il est là, avec moi.
Ils disent : je ne suis pas seul.
Et je me demande :
Est-ce que c’est ça, croire ?
Pas expliquer le mal. Pas excuser Dieu.
Mais résister avec lui, pas contre lui.
Je ne sais pas encore si j’y crois.
Mais je sais que je ne veux pas d’un Dieu qui tire les ficelles.
Si je dois croire, ce sera en un Dieu qui descend.
Pas qui domine.
Un Dieu qui prend sur lui. Pas qui fait peser.