Dieu pourrait-il parler un peu plus fort ?
Tu poses une question simple. Une vraie question. Pas une provocation, pas un effet de style :
« S’il existe, pourquoi ne parle-t-il pas plus fort ? Pourquoi on l’entend pas clairement, franchement, définitivement ? »
Et cette question, elle est légitime. Surtout quand t’es pas du genre à t’inventer des réponses pour dormir tranquille. T’as vu trop de choses. Tu fais partie de ceux/de celles qui encaissent, qui agissent, qui tiennent. Pas des grands bavards, pas des rêveurs, pas du genre à faire semblant. T’as déjà croisé la solitude. T’as connu la colère froide. On voit l’injustice. Et on a cette pensée qui revient :
S’il y avait un Dieu, pourquoi il ne se manifesterait pas sans ambiguïté ? Pourquoi il resterait à distance, comme s’il jouait à cache-cache avec ceux qui galèrent ? Pourquoi il ne se montre pas clairement ?
Tu veux pas d’un discours de curé ou de pasteur. Tu veux pas qu’on te cite des versets. Tu veux pas qu’on te parle de "cheminement intérieur" ou d’"expérience spirituelle".
Tu veux du clair, du net. Quelque chose qui tienne face à la douleur, face à la mort, face à l’absurde.
Alors voilà.
Dieu ne parle pas plus fort… parce qu’il n’est pas une force parmi d’autres
Il ne vient pas comme une sirène d’alarme. Il ne s’impose pas comme un commandement militaire. Il ne se compare pas aux puissances du monde.
Il est Dieu. Il n’est pas un objet. Il n’est pas observable. Il ne passe pas à la radio.
S’il parlait plus fort comme on a envie de le demander, ce ne serait plus lui. Ce serait une sorte de phénomène cosmique, un effet spécial, une démonstration de force. Et tu pourrais encore dire :
D’accord, ça existe. Mais est-ce que ça m’aime ? Est-ce que ça me comprend ? Est-ce que je peux m’asppuyer dessus ?
On a tous les jours sous les yeux des phénomènes tout à fait spectaculaires. Ils ne nous apportent rien pour autant. La preuve la plus spectaculaire ne répondra jamais à notre attente.
Dieu a parlé. Et même très fort — à sa manière
Il s’est pas fait entendre comme un général, ni comme un sorcier, ni comme un robot omnipotent.
Il a pris un visage. Un nom. Un corps. Jésus.
Un homme pauvre, né dans la poussière, humilié, exécuté, abandonné. Et c’est là, dans ce moment précis où tout s’effondre, que Dieu a dit : "Je suis là."
Pas au sommet, pas dans le bruit, pas dans le pouvoir.
Dans la faiblesse.
Dans la croix.
Et ça, c’est pas une image. C’est un fait. C’est un cri réel, dans l’histoire.
Pas une religion. Une irruption. Un renversement complet.
Et c’est tellement à contre-courant que personne ne peut l’inventer.
Et s’il ne parlait pas plus fort, c’est aussi parce qu’il refuse d’écraser
Il aurait pu s’imposer. Il aurait pu parler si fort qu’aucun homme ne pourrait l’ignorer. Mais alors tu n’aurais plus été libre. Tu n’aurais plus pu l’entendre. Tu aurais été balayé. Dieu n’humilie pas. Il ne colonise pas nos cerveaux. Il ne s’impose pas dans la panique. Il appelle. Et ceux qui entendent, ce sont ceux qui tombent, et qui dans leur chute, sentent qu’ils sont accompagnés. D’ailleurs pas forcément rattrapés. C’est pas Superman.
Il ne fait pas de démonstration.
Il fait alliance.
Tu veux du solide ? Allez, on tente
Dieu ne gueule pas. Il appelle. Il parle dans les silences, dans les fissures, dans le creux des nerfs quand on es au bout. Toi, moi, ta collègue.
Ce n’est pas plus faible. C’est plus profond.
Et si tu tends l’oreille — pas pour chercher des signes, mais juste pour enfin accepter que, oui, il y a bien quelque chose qui t’appelle —
alors je suis sûr que tu l’entendras,
Mais qu’on soit bien clair, il ne s’agit pas d’entendre des voix, ou de se convaincre qu’on entend quelque chose. Ce ne sera pas comme une preuve,
mais comme une voix qui te relève.
Je ne vais pas te dire que, ce jour-là, tu comprendras pourquoi parler plus fort aurait été moins puissant. Ça sonnerait bien, mais la réalité, c’est que pour le croyant aussi, cela continue d’interpeler, d’interroger, mais ce questionnement nourrit. Il colle mieux à la vie, qui prend tellement de forme, qui change tout le temps. Choisir une réponse claire, comme une clé qui ouvrirait toutes les portes, ça serait s’emparer de Dieu. Dire, regardez, c’est moi qui l’ai.
Et on s’empare pas de Dieu. Comme Dieu ne veut pas qu’on s’empare de toi, de nous, de l’humain.
Tu veux aller plus loin ?
Il parle bas, à qui veut bien écouter, c’est quoi ce Dieu ASMR ?